"Plaisirs partagés..." Retour sur la Bicentenaire 2015 : le témoignage de François

La bicentenaire 2015 à La Roche sur Yon (voir ici)

Plaisirs partagés...

53 web.jpgTout autour de moi, j’entends les respirations accélérées, je vois des visages aux traits tirés par l’effort à accomplir, je sens les rafraîchissantes odeurs de la nature. Les chemins de terre se succèdent, les petits monticules à gravir, puis ceux à redescendre donnent encore plus de peine aux tireurs et aux pousseurs. Bientôt une halte est nécessaire.

- Martine, tu prends devant, s’exclame-t-on à coté de moi.

Le tireur se défait du harnais qui le retient, libéré, soulagé, mais heureux de sa prestation. Pendant que Martine endosse ce même harnais, courageusement mais aussi avec grand enthousiasme, toute l’équipe profite de la pose nécessaire, offerte par ce changement au sein de l’équipage.

-       François, ça va ?

J’acquiesce de la tête, avant de lancer une petite phrase d’encouragement. J’ai le beau rôle, celui du roi, installé sur sa chaise à porteur, ou presque… Nous sommes pourtant bien au XXI° siècle, et l’esclavage est aboli ! Pourquoi cette gesticulation dans la bonne humeur ?

Il reste quatre kilomètres à gambader sur les douze que comporte le parcours. L’arrêt est obligatoire, celui du ravitaillement. Ouf, tous en ont besoin. Il s’agit d’une vraie dégustation ; un stand a été installé pour cette occasion. Nous sommes en bordure d’une rivière, quelque part dans la banlieue sud de la capitale de la Vendée, au  milieu de logements aux styles disparates. Déjà, une myriade de randonneurs s’est sustentée avant nous, les vrais randonneurs, je veux dire ceux qui n’ont pas la charge du roi !

Mais qu’attend-on ? On s’inquiète, on s’interroge, on n’ose repartir ! La reine, elle, où est-elle ? Devant ?  Impossible ! Alors derrière, bien sûr…

La voilà surgir, entourée de sa garde rapprochée. Jacqueline est stationnée à mes côtés, où plutôt son17 (2) web.jpg carrosse. La galanterie m’oblige à taire la raison, bien naturelle, du retard. On ne contrôle pas toujours la machine humaine.

Et c’est reparti ; les rires sont plus tendus, la fatigue est là. Encore un petit effort, une montée douce qui semble ne  plus en finir. Je réalise les secousses que j’endure ; pourtant, tout a été pensé pour mon confort ; une assise bien rembourrée, et aussi, un petit amortisseur monté sur la seule roue qui supporte toute l’armature et son passager. Vraiment, je n’ai pas à me plaindre !

Le monde se densifie, on retrouve d’autres amis, on souffle, on se relâche : c’est l’arrivée. Tout de suite, trois béquilles sont enfournées pour qu’ainsi, la goélette, c’est le nom du carrosse, puisse tenir à l’arrêt sans aide humaine. Les sangles, qui saucissonnent mes pieds, sont desserrées ; on me retire la ceinture de sécurité. Le roi est déchu, il a perdu son trône, il n’a plus qu’à se fondre parmi le peuple.

La bicentenaire 2015, ses coureurs, ses randonneurs, ses organisateurs, et nous les « handis »,  sommes tous mêlés les uns aux autres, dans ce  mouvement d’allégresse, de bonheur partagé, d’œuvre accomplie. Les Reines, les Rois, ce sont eux ! Ceux qui ont eu l’audace de nous transporter, de nous faire participer, de transpirer, de déployer leur énergie, pour que, comme les autres, une fois, un jour, des citoyens, aux jambes devenues parodies, se croient sportifs, accomplis et inclus dans le groupe ; la marginalité s’est déchirée, une fois n’est pas coutume !

Bravo et merci à toute l’équipe.

François

51 (2) web.jpg

 

Les commentaires sont fermés.